PLUS D’ENTREPRISES SONGENT à REVOIR LEURS EFFECTIFS

Le quart des directions financières interrogées par Deloitte s’attendent à voir moins de monde autour de la machine à café dans douze mois. Explications.

Le Secrétariat d’État à l’économie avait prévenu dès la mi-mars. La conjoncture sera moins favorable ces prochains mois. Résultat, après la baisse du nombre de postes vacants l’an dernier, le SECO esquisse désormais un léger renforcement du chômage au fil de 2024.

Sentiment confirmé, sur le terrain, par le dernier sondage réalisé par Deloitte auprès de la direction financière d’une bonne centaine d’entreprises. Plus d’un quart d’entre elles estiment que les effectifs «vont baisser au cours de l’année à venir», relevait le leader de l’audit ce 1er mai. Bonne Fête du travail.

Confiants dans la conjoncture, pourtant…

Il y a deux ans encore – au cours d’un printemps 2022 sous le choc de l’invasion russe en Ukraine –, l’enquête enregistrait des «intentions d’embauche plutôt réjouissantes». Et durant plus d’une année, le seul mot semblant remonter du terrain était la «pénurie de main-d’œuvre». Les signes de ralentissement des recrutements sont apparus dans le sondage Deloitte de l’automne dernier, qui a marqué un basculement des anticipations concernant les effectifs.

Retour au sondage présenté ce mercredi 1er mai. Lorsqu’on leur pose la question, une moitié des mêmes responsables contactés disent pourtant s’attendre à inscrire un chiffre d’affaires en hausse dans les comptes qu’ils boucleront en fin d’année. En clair, pas de crise en vue. Bizarre.

Effet IA, déjà?

Ce n’est pas forcément antinomique. Pour commencer, «cette réticence en matière d’embauche peut résulter de doutes quant à la capacité à trouver les bonnes personnes dans un délai raisonnable», note la firme d’audit et de conseil aux entreprises. De quoi expliquer pourquoi les recrutements ont de la peine à suivre. Mais également les départs volontaires de collaborateurs, qui ont l’embarras du choix.

Ensuite, «les entreprises misent aussi de plus en plus sur l’intelligence artificielle et l’automatisation – leur capacité d’embauche est revue à la baisse», ajoute Alexandre Buga, associé responsable de la Suisse romande, pour expliquer ces résultats.

L’Allemagne ne va pas

Google Gemini et ChatGPT ne suffisent de loin pas à expliquer ce sentiment d’une baisse du nombre de collaborateurs. Autre chose trotte dans la tête des dirigeants, en particulier outre-Sarine: l’Allemagne, pour laquelle leurs perspectives sont aussi sombres que celles de l’automne dernier – déjà largement pessimistes.

Les deux tiers des cadres interrogés estiment que la deuxième destination des produits et services suisses connaîtra une conjoncture «négative ou très négative» cette année. «Si l’Allemagne continue à s’affaiblir, il sera d’autant plus important pour la Suisse de poursuivre la diversification de son économie en matière d’exportation», prévient déjà Deloitte. Et, dans l’immédiat, de revoir ses recrutements?

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